
Pensez à la dernière fois que vous avez été là pour un de vos proches. Cela peut être une personne de votre entourage qui avait besoin d’aide ou peut-être de ventiler.
- Qu’est-ce que vous avez ressenti devant la détresse de l’autre?
- Qu’est-ce que vous aviez envie de faire pour cette personne?
Devant la douleur d’autrui, qu’elle soit physique ou psychologique, on peut réagir de différentes façons. On peut notamment avoir une réponse empathique. L’empathie, représente la capacité à se mettre dans la peau de quelqu’un d’autre, de ressentir ses émotions ou ses sensations.
Être empathique ne veut pas dire d’avoir la même opinion que l’autre, ni d’absorber sa perspective, ses désirs et ses croyances. Ça ne veut pas dire non plus d’être interpellé à soutenir activement la personne dans ce qu’elle vit. On peut être empathique à la situation qu’une personne nous raconte, sans non plus que cela devienne notre problème personnel. L’empathie n’implique pas de se laisser envahir par la détresse de l’autre.
Par exemple, comme intervenante, je fais preuve d’empathie envers mes clients en essayant de comprendre leur vécu émotif. Mais je ne suis pas impliquée dans leur décision de carrière, en ce sens que j’essaie, au contraire, que mes opinions et mes pensées personnelles ne viennent pas mettre de bruit dans la relation afin que la personne ait vraiment tout l’espace pour ses propres réflexions. Mon travail consiste à l’aider à structurer et approfondir ces réflexions, mais pas à faire de son problème mon problème personnel.
Si on augmente le niveau d’implication envers la personne, on rentre dans la compassion qui amène un désir d’alléger les souffrances d’autrui. Ça se rapproche un peu de la sollicitude qui consiste en une attention affectueuse et inconditionnelle qu’on porte à quelqu’un. Lorsqu’on manifeste de la compassion, on est beaucoup plus impliqué dans la situation et le ressenti de l’autre et on veut activement faire quelque chose pour que la personne se porte au mieux. Souvent, c’est parce que l’inconfort que cette personne ressent est aussi inconfortable pour nous. Voir nos proches souffrir, ce n’est jamais agréable!

Je vous invite maintenant à repenser à nouveau à cette fois où vous avez été là pour quelqu’un. Étiez-vous plus dans l’empathie ou dans la compassion?
Et maintenant, quand est-ce que vous avez ressenti cela envers vous-même pour la dernière fois?
Ironiquement, il est souvent plus naturel d’adopter cette position de compassion envers les autres et de vouloir activement alléger leurs souffrances. Mais on n’adopte pas nécessairement cette attitude envers nous-même! Et pourtant, s’il y a bien une personne envers qui vous devriez être activement impliquée, ressentir un inconfort devant sa détresse et une envie d’alléger ses souffrances, cela devrait être vous! N’êtes-vous pas d’accord?

Mais pourquoi est-ce aussi difficile d’être bienveillant envers soi-même et de ne pas se juger trop sévèrement? Pourquoi on ne nage pas tous dans une mer d’autocompassion?
Peut-être parce que nous n’avons pas été entrainés à cela, ce qui fait que nous ne savons pas vraiment comment faire. Peut-être aussi qu’il reste des éléments de notre éducation qui sont basés sur la culpabilité judéo-chrétienne qui nous font craindre de tomber dans la complaisance si on manifeste de la compassion envers nous-même?
Pourtant, le fait de manifester de la compassion envers soi-même ne veut pas dire qu’on ne reconnait pas nos fautes et nos torts!! Cela veut plutôt dire qu’on arrive à se pardonner, à tirer des conclusions et à apprendre de nos erreurs. C’est un processus de croissance pour devenir une meilleure version de nous-même! Parce qu’on peut difficilement être dans le constructif et la croissance si on demeure pris dans des pensées paralysantes qui nous rappellent en boucle qu’on n’a pas bien agi, qu’on n’est pas assez bons, pas assez fins, pas assez brillants… alouette!!!
Alors aujourd’hui, je veux vous donner quelques trucs pratiques pour pratiquer l’autocompassion ou ce qu’on pourrait aussi appeler la bienveillance envers soi-même.
Truc 1 : Apprendre à dire non. Pas facile celui-là. Apprendre à connaitre et respecter ses limites, est un bon moyen de préserver l’énergie dont vous avez besoin pour fonctionner de façon optimale. Et parfois, cela passe par le fait de reconnaitre que vous avez des limites, qu’il y a des choses qui vous grugent. Et ce n’est pas nécessairement la faute de qui que ce soit. D’apprendre à vous connaitre et à reconnaitre ce qui vous donne de l’énergie et ce qui vous en enlève, c’est la première étape pour ensuite trouver votre balance entre les choses auxquelles vous dites oui et celles auxquelles vous dites non. Dans mon domaine de l’orientation de carrière, c’est également un bon levier pour prévenir l’épuisement professionnel!
Truc 2 : Planifier du temps pour vous dans votre horaire. On l’entend souvent celui-là et il est particulièrement difficile à mettre en place! Je vais essayer de vous aider un peu à l’intégrer dans votre horaire. Pensez d’abord aux activités que vous aimez, mais que vous repoussez tout le temps? Ces activités qui vous ressourcent, qui vous donnent de l’énergie. Choisissez-en une en particulier qui peut se faire sur une période de temps relativement courte (disons 1 heure), quitte à répéter son occurrence (par exemple 1 heure par semaine).
Vous mettre en priorité de temps en temps, ça peut faire une grande différence dans votre gestion de votre énergie et de votre bienveillance envers vous-même. Vous permettre de vous accorder du temps pour faire des choses qui vous donnent de l’énergie, c’est de décider de faire une action pour ne pas toujours fonctionner avec votre batterie à plat. Je vous suggère de commencer léger. En effet, vous n’êtes pas obligé de vouloir consacrer 3 heures par jour à votre activité. Il est bien évidement possible que cet objectif ne soit pas réaliste. Mais habituellement, 1 heure par semaine, peut se trouver quelque part dans un horaire pour faire quelque chose qui vous ressource.
Il est important de mentionner également que ce truc ne permettra pas de « guérir » une situation qui nécessite une attention professionnelle. Il s’agit d’un truc préventif pour recharger vos batteries. Si vous avez des symptômes de fatigue, de déprime, d’anxiété ou de découragements qui persévèrent sur une longue durée (plus d’un mois), il est important de consulter un professionnel de la santé. Cela aussi, c’est faire preuve de bienveillance envers vous-même! 😉
Truc 3 : Prenez un moment pour permettre à vos sentiments d’exister sans les juger. Bon, je le sais, je vous entends déjà me dire : un autre truc qui est plus facile à dire qu’à faire! Mais voyez-vous, je le trouve tellement important que je voulais quand même vous le partager!!! Parfois, on se sent coupable ou « poche » de ressentir certaines émotions et cela nous amène à vouloir les éviter et à essayer de se changer les idées pour ressentir autre chose. Comme si ces émotions étaient « sales » et qu’il fallait les nettoyer avec un javellisant émotionnel!!! Mais le monde émotionnel ne fonctionne pas comme ça. Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises émotions!! Et jusqu’à un certain point, on s’en fout un peu de savoir si vous avez raison ou pas de vous sentir comme cela… raison et émotion sont deux choses séparées qui parlent 2 langues très différentes.
Pour réussir à les réconcilier, il faut les écouter toutes les deux. Prenez donc le temps de reconnaitre vos émotions, de les laisser exister sans les juger, et après, vous pourrez décider de ce que vous en faites et de vous changer les idées, si vous le désirez. Vos émotions ne sont pas vos actions. Vous choisissez vos actions, mais les émotions, elles, sont des informations que votre cerveau vous envoie. Si vous les ignorez, il continuera à vous envoyer l’information autrement et possiblement pas d’une manière qui vous plaira!!
Bien sûr, apprendre à reconnaître ses émotions est un travail en soi, surtout si on n’a pas été habitué à le faire. Consulter un professionnel de l’intervention peut aider en ce sens si vous sentez qu’un accompagnement pourrait vous être bénéfique.
Références
Pennock, S. F. & Alberts, H. (2019). 3 Self-Compassion exercices for helping profesionnals. PositivePsychologie.com https://PositivePsychologyProgram.com
Crédit images : unsplash.com
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